Le beau code, c’est une poésie abstraite et silencieuse. L’informatique, voyez-la comme une boite à rêves qui fonctionnerait avec du papier à musique. Le programmeur n’est alors qu’un sage qui parlerait à des forces sans visages. La Piscine de 42… Bin …Ce n’est pas une piscine qui se trouve dans le département de La Loire.

Le premier août prochain, je vais faire La Piscine de l’école 42

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Voilà ! Je pourrai résumer ce billet à un mic drop désinvolte mais ce serait pour vous quelque peu frustrant et injuste. Vous n’avez rien fait pour mériter cela.

N’est ce pas ? 😀

Bon alors, pour tout vous dire, j’ai deux manières de vous raconter cette histoire. Soit de manière chronologique et je vous détaille les 42 mois qui m’ont mené à cette situation. Soit de manière un peu plus conceptuelle.

La première option pourrait donner lieu à une adaptation cinématographique mais à un billet – chiant à lire – en fait. La deuxième aurait sa place dans le rayon philosophie neuve d’une librairie ancienne.

Rien de tentant en vrai.

Hum … Comme je suis quelqu’un qui met des morceaux de biscuits dans ses yaourts blancs, je vais faire un mélange des deux et vous me direz ce que vous en pensez.

Ça vous va ?


 
 

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La grande réponse à la vie, l’univers et le reste

En 2013, je succombe comme beaucoup à l’emballement médiatique et me décide à réussir les tests geeks et logiques, en ligne, pour savoir si j’étais digne de l’Ecole 42. Enfin, plutôt de sa Piscine.

Bon, commençons par c’est quoi l’École 42 ?

Pour ceux qui l’ignorent ou vivent en province, l’École 42 est une école basée à Paris, lancée en 2013 par Xavier Niel (fondateur de Free) avec plusieurs anciens d’Epitech (autre école d’informatique) dont Nicolas Sadirac aujourd’hui directeur de l’école ainsi que Kwame Yamgnane et Florian Bucher.

Cette école se distingue essentiellement par deux choses : une pédagogie qualifiée de pair à pair donc pas de profs et la totale gratuité de ces enseignements. L’originalité de sa pédagogie fait qu’elle ne délivre pas un diplôme reconnu par l’État.

Maintenant, pour cette école, La fameuse Piscine consiste en la période intense de 4 semaines d’évaluations et épreuves diverses autour de la programmation pour déterminer l’admission définitive des nouveaux étudiant(e)s. Il y en a 3 par an qui se déroulent de juillet à septembre en général.

J’en dirais pas plus à son sujet mais si vous voulez aller plus loin, vous pouvez lire l’édito de Xavier Niel ou si vous préférez quelque chose de moins partisan, je vous encourage à lire l’excellent billet d’Olivier Ezratty : A quoi sert 42 ?

Vous avez l’essentiel, je reviens donc à mon histoire.

 
 
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Faire passer la pilule

3 ans plus tard, faits de haut et de débats dans ce que certains appellent la Vie et ce que d’autres appellent un morceau d’infini, je me décide à m’inscrire à la piscine cet été 2016. Mais avant, encore une étape pour tester ma motivation :

Assister à la réunion d’information de l’école.

Je me souviens, c’était un samedi. Un samedi à 12h15. Un 9 avril 2016 avec un ciel si gris qu’il venait souiller le regard de quiconque oser le regarder. Pourtant, c’est bien ce jour-là que je choisis pour assister à la réunion d’information animée par Nicolas Sadirac.

Une première. La première.

La première fois que j’assistais à une réunion à laquelle le directeur d’une école faisait tout pour dissuader les étudiants de venir ou de continuer. Littéralement ! Le message à retenir était court et simple à la fois :

Si vous n’êtes pas totalement passionné par le numérique, laissez tomber ! Votre temps sera plus précieux ailleurs.

Derrière cette locution, il n’y avait pas là une intention élitiste seulement bienveillante pensée. Elle m’a bizarrement rappelé une éloquente de Steve Jobs :

Votre temps est limité, ne le passez pas à vivre la vie de quelqu’un d’autre !

Discours de Steve Jobs à Stanford

Du coup, derrière ce ‘laissez tomber si c’est pas pour vous’, l’implicite veut qu’on fasse un choix cornélien : soit on laisse tomber l’École 42 soit on laisse tomber toute vie sociale et on accepte de réduire au minimum ses interactions humaines à un « avez vous des sandwichs ? » adressé l’œil hagard et le ton pressé à la boulangère aimable du coin.

J’ai donc fait mon choix.


 
 
 
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Traverser l’enfer avec des ailes d’ange

En tout cas, cette réunion a été une expérience très positive car loin de me dissuader de faire la piscine, elle m’a donné l’envie nécessaire pour me prendre UN mois ENTIER, en été, pendant les vacances des autres, pour apprendre le langage C avec un environnement UNIX et tout ça sur un clavier QWERTY. Autant être maso jusqu’au bout.

Pourquoi donc faire ça ? Parce que chacun choisit l’enfer qu’il veut traverser avec des ailes d’anges.

Avec l’esprit moins métaphorique, je dirais que je fais ça pour deux raisons : la première est par challenge personnel et la seconde est plus une raison de légitimité.

 
 
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J’apprends donc je suis

La Piscine de l’École 42 est très exigeante en termes d’investissement. De l’avis même du directeur de l’école, il faut compter entre 90 à 110 heures de travail par semaine (!) pour juste espérer la réussir. Cela n’est pas étonnant de voir certains dormir sur place.

Au final, dans cet exercice qui demande des efforts intenses et soutenus, j’y vois le meilleur moyen d’atteindre ou de repousser ses limites qu’elles soient physiques ou psychiques et ce, le plus rapidement possible.

Si la programmation ne sera pas un monde totalement inconnu pour moi car j’ai bien appris les logiques informatiques sur des sites comme Codeacademy, FUN, OpenClassroom ou encore Learn Python. Je peux donc maintenant m’assumer à coder des bots twitter mais La Piscine reste tout de même à un autre niveau. Je pars de loin puisqu’il faut dire que j’ai un parcours académique qui n’est pas très « code friendly » on va dire : un master RH, une licence en entrepreneuriat et un bac S.

Bac S ? Tiens, ça plaide un peu en ma faveur ça mais c’était en 2006. Y a 10 ans.

Putain, 10 ans déjà !

Sinon, j’ai toujours eu une certaine facilité à apprendre de nouvelles choses de manière dense et rapide. Tout le monde a des talents et le mien pourrait être celui d’apprendre à apprendre.

Maintenant est-ce que tout est apprenable ?

Je fais partie de ceux qui pensent que OUI. Vous le devinez. Je vais reprendre ici la théorie sur l’apprentissage d’Idriss Aberkane qui se résumerait par :

Pour apprendre vous devez maximiser deux choses : l’attention et le temps

Quand ces deux paramètres sont à leur maximum vous pouvez même parler de passion. Je suis certains que beaucoup d’entre nous éprouvent un réel plaisir et même un amour de l’apprentissage et ce, quelque soit la matière. Vraiment, je me demande si tout n’est pas apprentissage car après tout :

On ne nait pas humain, on le devient.

Sous-entendu, on apprend à le devenir.

Comme Simone de Beauvoir disait de son côté que :

On ne naît pas femme, on le devient.

« Le Deuxième Sexe », tome II, « Formation », p.13, 1949

Oussama Ammar, speaker à la #RMSConf 2016 (dédidace à ceux qui savent 😉), lui, répète que :

On ne naît pas entrepreneur, on le devient.

Un autre anonyme alchimiste du recrutement fanfaronne avec son :

On ne naît pas recruteur, on le devient.1

Bon … l’anonyme, c’est moi. ^^

 
 

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J’apprends numérique donc je suis numérique

Maintenant, la deuxième raison que j’ai de faire La Piscine 42 est bien une raison de légitimité.

Comment puis-je parler de numérique, de digital thinking et autres crayons de couleurs, si moi-même je ne connais pas le langage numérique.

Vous allez me dire que ce n’est pas une nécessité.

Quel camouflet !

Si, effectivement, utiliser un ordinateur ne nécessite par une licence en informatique, c’est bien qu’à un moment, le dialogue Homme-Machine a été rendu plus simple. Alors, je pense que parfois, c’est bien de retourner à la source pour citer Matrix ou de remonter la source comme un saumon pour citer Laurent Brouat.

Remonter à la source du comment la complexité de l’interaction Homme-Machine a été rendu accessible à un geste du doigt. Bon, c’est vrai ! Cela ressemble un peu à la définition que je donne sur le digital thinking 😉

Cerner la complexité du monde pour la mettre à la portée d’un geste du doigt.

Pour poursuivre mon raisonnement, je trouve qu’il y a un amalgame certain ou une confusion pregnante autour du numérique : il est trop largement réduit à une nouvelle forme communication. C’est le maux de notre monde que de croire qu’utiliser un réseau social quelconque fait de vous un profil numérique. Voyez vous-même : nous sommes tellement d’accord pour dire que conduire une voiture, ne fais pas de nous un mécanicien.

Pourquoi cela serait il différent pour le numérique alors ?

Nous trouvons malheureusement, selon moi, cette aberration de voir des Chief Digital Officer qui sont plus Chief ou Officer que Digital. Du coup, le mot qui donnait de la légitimité au titre, n’est plus celui qu’on croit. C’est pareil aussi pour d’autres postes dont je vous épargne la liste par paresse et pur confort de lecture.

Bon …je n’ai rien contre les CDO. J’estime juste qu’ils doivent, au minimum, savoir coder dans un langage et ce, quelqu’il soit. Voilà donc un voeu pieu.

Je suis bien sur conscient que ce genre de profil complet est rare. Mais évitons le piège d’avoir la tentation de mettre quelqu’un sur le poste, juste pour éviter qu’il soit vide. Mon côté radical vous conseille plutôt qu’il vaut mieux attendre d’avoir sous la main un pilote de ligne que confier les commandes d’un avion à un fan de Top Gun. Juste un conseil.

Pourtant, je suis assez tolérant avec les cinéphiles. ^^


En conclusion, nous vivons dans un monde où on promet l’enfer de l’analphabétisme à ceux qui ne sauront pas coder. Un monde où Cédric Villani s’insurge qu’on apprenne pas cela à des enfants dès leur plus jeune âge. Dans un monde où le langage informatique Python a remplacé certaines langues vivantes dans le programme scolaire en Angleterre. Où l’ère du Machine VS Learning est le nouveau match idéologique voire technologique. Moi, je commence par faire la piscine de l’École 42 et après, on verra. Et vous alors ?

Vous pouvez suivre mes aventures à l’École 42 sur ma page Facebook


Sinon, si je fais La Piscine, c’est un peu grâce à eux :

> Ma copine, sinon elle va me faire la gueule
> Laurent, mon boss, pour son ouverture d’esprit sur le sujet et ses encouragements
> Mes grand-parents qui n’auront pas le droit à leur visite bi-annuelle cet été (je suis un petit-fis coulé dans l’ingratitude, je sais !)
> Vincent, pour m’avoir accompagné à la réunion d’information à 42. On avait bien rigolé avec cette histoire de fessée.
> Pierre-Luc parce que j’ai envie

Et à tous ceux dont j’oublie le prénom car …oui, je suis un amnésique des prénoms. Je vous jure que je fais pas exprès. 😉

Merci à tous et de manière égale ^^