« L’intelligence artificielle, un tsunami technologique »

« Sécuriser l’intelligence artificielle : il n’est pas trop tard ! »

« Les start-up françaises, prêtes pour la bataille de l’intelligence artificielle »

[…]

Les articles sur l’intelligence artificielle alterne entre promesse et menace. Promesse de plus de bonheur et menace de désincarnation des métiers. Alors, j’ai pris une journée de ma vie pour tirer le vain du vrai.

Voici mes conclusions sur l’intelligence artificielle.
 

#1. Les commentateurs sportifs font du bruit et les sportifs font du bien

Souvent, l’intelligence artificielle est un exercice de futurologue. Tout le monde en parle mais en parle au futur. Genre …dans 30 ans, ça va révolutionner le monde.

Pourtant, on oublie souvent qu’on est minable à prévoir le futur. Comment en serait-il autrement quand même l’ « intelligence artificielle » échoue à prédire l’élection de Trump. Ces fameux cygnes noirs. Et si comme le pressent Peter Drucker, le meilleur moyen de prédire l’avenir est de le créer, force est de constater que dans les années 70, on voulait des voitures volantes MAIS on a eu 140 caractères [pour parler de Twitter] comme l’a sensiblement rappelé Peter Thiel.

Je mets entre guillemets « intelligence artificielle » car nous allons la définir dans une autre question. Cependant une chose marrante dans la sémantique actuelle : quand un algorithme échoue dans ses prédictions, c’est du BIG DATA, s’il réussit, par contre, c’est de l’IA.

Bref …où j’en étais déjà ? Ah oui ! IA, cancer et tout ça.

L’IA en on parle comme le remède à tous les maux MAIS … dans 30 ans. C’est comme si tu allais voir les cancéreux aujourd’hui pour leur dire qu’on trouvera le remède au cancer dans 30 ans …

WTF

Pas sûr qu’ils accueillent la nouvelle avec enthousiasme. Ils seraient plus enclin à te dire :

Ouais, mais moi je le veux tout de suite ! Pourquoi on ne l’a pas déjà ?

La différence avec ceux qui travaillent pour le remède contre le cancer, c’est qu’ils ferment leur gueule, on les laisse bosser et ils bossent beaucoup. T’as qu’à lire les nombreux articles scientifiques sur le sujet.

Ils bossent. Un point c’est tout.

Ils ne sont pas sous les highlights des projecteurs mais dans le calme blanc des labos à essayer de trouver un moyen d’empêcher les cellules de partir en live.

Tu vas me dire, oui, mais y aussi des gens qui bossent l’IA. C’est totalement vrai !

Alors, qui parle en leur nom ?

Pour la plupart, ce sont des commentateurs. Oui, des commentateurs sportifs. Et comme pour les commentateurs sportifs, ils sont là pour faire du bruit quand les sportifs font du bien.

Si la plupart de celles et ceux qui parlent d’IA étaient en train d’investir leur temps, leur cerveau ou leur argent dans la discipline, on gagnerait certainement du temps pour avoir de l’intelligence artificielle avant 2020.

 

#2. L’IA tient moins de la science que de la fiction

Quand j’entends parler d’ « intelligence artificielle », la définition du mot irait de soi. Tu vois des grappes de personnes gloser à gorge déployée et quand, l’impertinent pose la question :

Mais au fait, c’est quoi l’ « intelligence artificielle » ?

Tu vois leurs visages s’outraient avec une expression pas très sibyllines que trahissent leurs traits :

Mais qui est ce manant ? Quel est cet analphabète ?

Pourtant, nul n’est en situation de répondre à cette question simplement. Cela devient vite un capharnaüm inexpressible où se mêle algorithme, reconnaissance vocale/visuelle, robot …et j’en passe.

À les entendre, l’IA se meut dans la science fiction mais davantage dans la fiction que la science tout de même.

Wikipédia nous dit que l’intelligence artificielle est l'ensemble de théories et de techniques mises en œuvre en vue de réaliser des machines capables de simuler l'intelligence. Bon .. il faut comprendre intelligence humaine bien sûr. En synthèse, une machine en mesure de fabriquer de l’intelligence humaine.

Ouais mais c’est quoi l’intelligence ?

Alors là, personne n’est d’accord. Chacun y va de sa définition. Laurent Alexandre la résume même au QI.

Je ne vais pas m’attarder sur l’irritabilité de résumer l’intelligence à ce quotient. Je rappèlerai seulement une leçon de CE2 : le quotient est le résultat de la division d’un nombre (le dividende) par un autre (le diviseur).

Avec la formule du QI, si tout le monde avait le QI d’Einstein, on aurait tous un QI de 100 alors qu’il a été mesuré entre 160 et 180.

Tu vois, Laurent ! C’est NUL de résumer l’intelligence au QI.

Et puis, c’est trop anthropocentriste comme raisonnement. Les animaux sont également pourvus d’intelligence. Comme l’aurait fièrement dit Charles Darwin, le brillant concepteur de la théorie de l’évolution :

L’homme est le nec plus ultra de son espèce comme l’autruche est l’aboutissement de sa propre espèce.

Tous les animaux, insectes ou végétaux d’aujourd’hui sont les meilleurs représentants de leur espèce d’hier. Quand tu sais que les cafards peuvent résister à une explosion nucléaire, ça les rend quand même bad ass.

Où je veux en venir avec ça ? Je veux venir à une idée très simple :

L’intelligence, c’est la capacité à survivre !

Maintenant, essaie de placer une intelligence artificielle contemporaine sur une île déserte et voyons son intelligence à l’oeuvre.

Hum .. Pas sûr qu’elle soit convaincante.

C’est une idée que je reprends d’Idriss Aberkane. Elle a l’avantage de démythifier l’intelligence et avec elle, l’intelligence artificielle.

 

#3. Pourquoi une intelligence artificielle n’arrive-t-elle pas à faire d’omelette ?

Une IA serait capable de prédire le sort d’une élection mais incapable de faire une omelette. Chose que je maîtrise depuis mes 7 ans personnellement.

C’est ballot !

Après avoir craquer la surface de l’intelligence artificielle pour entendre ce que les pseudo-sachant connaissent du sujet, un mot-clé tombe plus vite que le brouillard londonien : algorithme.

Ouais mais là encore, c’est quoi un algorithme ?

Je t’épargne ceux qui te parlent, le menton dressé vers le haut, de reconnaissance vocale/visuelle, d’analyse sémantique ou encore de statistiques. Ce n’est pas de l’intelligence.

Pour revenir à l’algorithme, la définition de wikipédia est qu’un algorithme est une suite finie et non ambiguë d’opérations ou d'instructions permettant de résoudre un problème ou d'obtenir un résultat.

Le mot-clé ici est « non-ambiguë »

Il faut comprendre ce mot-clé comme ne laissant place à aucun choix. Autrement dit, 2 + 2 = 4, tu n’as pas le choix du résultat. Finalement, un algorithme est une structure mathématique qui génère de l’évidence.

Quand tu dois faire une omelette, déconstruire toutes les actions en actions évidentes n’est pas …évident en fait.

Déjà, choisir un oeuf. Quel oeuf choisir plutôt ? Sa taille ? Son poids ? Sa couleur ? Faudrait pas en prendre un avarié. J’ai pas fait grand chose que déjà, ça me fatigue.

Et puis, admettons un algorithme parfait pour choisir un oeuf. Allons même plus loin : on a conçu une intelligence artificielle pour faire des omelettes.

Tu penses qu’elle saura faire des pâtes ?

Bah non ! L’intelligence artificielle n’est pas fongible. Autrement dit, le fait qu’elle fasse bien une chose ne veut certainement pas dire qu’elle en fait bien une autre.

Par exemple, l’extase provoquée par AlphaGo, l’IA qui a vaincu les champions du jeu de go est à relativiser à un point : je la massacre au jeu de dames.

 

#4. L’intelligence artificielle, ce cheval de Troie médiatique et marketing

Mais pourquoi diable les journalistes nous parlent-ils d’intelligence artificielle ?
N’y a t-il pas de sujets plus pregnants à traiter ?

C’est le genre de question que je me pose quand je suis de mauvais poil. Puis, je me rappelle que c’est le travail des agences de relations presse (RP) de faire de la préoccupation de certains, surtout des entreprises, qu’elle devienne celle des journalistes et par ricochet, celle de tout le monde.

On te sort je ne sais combien de communiqués de presse ou dans le pire des cas, d’articles prêts à être publiés. Il est difficile de ne pas céder à la tentation de « reporter ». Ce métier perd alors certainement de sa noblesse pour devenir un passe-plats.

Est-ce la faute des journalistes ?

Pas totalement. Il ne faut jamais haïr les joueurs mais blâmer le jeu. Quand tu dois pondre ton papier avant 10H pour l’édition de midi. Tu n’as matériellement pas le temps de te renseigner en profondeur sur les sujets. Céder à la tentation de « reporter » devient facile voire nécessaire.

Maintenant que j’ai rhabillé un peu les journalistes, on peut essayer de voir le panorama d’une telle pratique.

Si les RP sont sur le champ de bataille médiatique, c’est qu’il y a une guerre qui se joue entre les différents acteurs technologiques.

Je ne te parle pas de la startup du coin. Je te parle notamment de Facebook, Google, Amazon, Microsoft, Apple ou IBM. J’écarte le Pentagone ou le gouvernement chinois qui font plus dans le feutré.

Si une startup te dit qu’elle fait de l’intelligence artificielle, tu pourras lui répondre :

« Arrête tout de suite de te payer ma tronche ! »

S’il faut occuper l’espace médiatique avec l’intelligence artificielle cela tient à une chose simple : le besoin en ressources.

Développer l’IA consomme énormément de capitaux, on parle de financer des projets sur plusieurs dizaines d’années, mais aussi des ressources humaines. Il faut attirer les meilleurs ingénieurs et spécialistes de l’IA et quoi de mieux que de diffuser régulièrement les progrès en IA de ton service R&D pour donner aux meilleurs l’envie de travailler avec les meilleurs.

Dans un coté plus marketing, il se coordonne une lutte pour planter son drapeau sur le mot « Intelligence Artificielle ». Car le planter, c’est planter sa marque dans le cerveau des gens. Google l’a déjà planté sur « moteur de recherche », Apple sur « smartphone » ou encore Microsoft sur « PC ».

Aujourd’hui, le concept « intelligence artificielle » bien qu’il soit exploré, n’est pas encore conquis.


C O N C L U S I O N

A tout cela, ma conclusion est simple :

« Retournez bosser bande de feignasses ! »

Faites une intelligence artificielle …ou pas d’ailleurs ! Mais arrêtez de nous casser les oreilles avec. Allez bosser ! On a compris son impact. On a compris les progrès qu’elle apportera. On a compris tout ça. Juste faites-là. Si le cliquet malthusien n’a pas eu raison de l’Humanité, l’intelligence artificielle en est encore très loin alors, inutile de me parler de futur au présent.

Maintenant, quand ton intelligence artificielle comptera plus vite que moi les étoiles, je resterai là à les admirer.