La diversité de tous pour tous par tous ? C’est bien ça non ? Une évidence telle que l’on se pose encore aujourd’hui la question de savoir pourquoi elle n’est pas devenue le mètre étalon de toute société qui se dit « moderne ». Pourtant, si il y a bien un mot qui vient me vomir, littéralement, dans les oreilles quand je l’entends c’est bien celui-ci : diversité. Laissez moi vous dire pourquoi.

Vous l’avez compris sinon je le précise : quand je parle de diversité, je ne parle pas du fait de ne pas recruter que des mecs de HEC. Je vais beaucoup plus loin que cela.

Voire trop loin

C’est à la lecture du billet de Laurent Brouat posant la diversité comme une tendance 2017 car celle-ci, serait, je cite : « arrivée à maturité » que je déclenche ce billet.

Je me suis arrêté sur une question très conne au fond mais qui a le mérite d’être posée :

La diversité en entreprise est-elle vraiment arrivée à maturité ?

Force est de constater que non comme l’a encore prouvé un récent testing. Alors qu’est ce qui est arrivé à maturité ? Bah …c’est plutôt le business de la diversité à dire vrai.

Ont fleuri une flopée d’initiatives plus ou moins abouties et pertinentes qui ont réellement permis à ce business d’arriver à maturité. Toujours en croissance d’ailleurs si l’on prend les chiffres des acteurs du secteur.

Oui, la diversité est un secteur d’activité aujourd’hui comme les autres alors comment ne pouvait-elle pas devenir un business. Un business social, peut être, mais un business tout de même ! Nous allons donc voire en quoi la diversité dans cette optique business a fini par vendre du brandwashing plutôt que de l’action réelle et comment, en fait, elle se fait tellement au mépris de celles et ceux qu’elle entendait servir.

Quand c’est gratuit, c’est que la diversité est le produit

Pour vous dire à quel point cela peut devenir un business, je n’imaginais pas que certaines entreprises payaient 25 000 euros pour un stand recrutement sur une convention d’une association qui dit œuvrer pour la diversité en entreprise et notamment la diversité sociale. Quand je regarde le board de cette asso, je me sens un peu souillé par cette affirmation quand même. Ça me rappelle cette fameuse phrase de Nelson Mandela :

Ce qui est fait pour nous, mais sans nous, est fait en réalité contre nous !

Je suis allé un peu fort là mais ce n’est pas fini !

Cette convention est notamment l’occasion de faire un peu d’auto-congratulation et de remettre des prix aux entreprises qui versent des sommes, donc très rondelettes, pour qu’elles continuent à le faire. Le système est bien consanguin puisque totalement non-neutre.

Mais bon, pourquoi pas ?!

En vrai, la véritable question que l’on est en droit de se demander c’est : mais pour quoi payent-elles 25 000 euros ? Pour avoir des échanges exclusifs avec des jeunes issus des quartiers populaires en vue de les recruter ?

Alors là …raté !

Les boîtes avaient le même discours avec ces jeunes qui venaient, les bras pourtant plein de CV :

On ne prend pas de CV. Allez voir plutôt notre site pour candidater aux offres.

True story !

Du coup, elles payent quoi ?
Pour du brandwashing certainement. Le brandwashing c’est une expression désignant un procédé de marketing ou de relations publiques utilisé par une organisation (entreprise, administration publique nationale ou territoriale, etc.) dans le but de donner une image propre de la marque. La plupart du temps, l’argent est davantage investi en publicité que pour de réelles actions en faveur d’une action donnée. Vous retrouvez notamment ce procédé avec le greenwashing qui est spécifique à l’écologie dont j’ai adapté la définition.

Par exemple, vous pouvez retrouver ce brandwashing avec Orange-France Télécom qui fut Top Employer l’année où ils eurent 35 suicides ou quand les groupes Adecco et L’Oréal furent condamnés pour discrimination raciale à l’embauche le 29 juin 2011 alors que L’Oréal obtenait le Label Diversité en 2010.

De l’histoire ancienne surement …

L’autre enseignement que je tire de la diversité en tant que business, c’est que ce sont bien les entreprises qui en sont les clientes. Si elles payent, ce sont donc les discriminés qui sont les produits (femmes, handicapés, séniors, noirs, arabes et pas mal de celles et ceux que Coluche cite ici-bas).

Rien à foutre de ta diversité

Yep ! Tout à coup, c’est beaucoup moins glamour de dire « discriminés » que « personnes issues de la diversité ». En réalité aucune personne ne se revendique de la diversité. Qui le ferait ? Qui pourrait dire que c’est un avantage ? Qui ? Alors même qu’il devra selon certaines études faire le double d’effort pour décrocher un job si ce n’est plus.

D’ailleurs, qui a déjà mis sur son CV qu’il était issu de la diversité quand la tendance est plus de la dissimuler et avec elle, tous les éléments susceptibles de la trahir. Les seuls à encore le faire, ce sont les handicapés mais c’est parce que la loi est passée par là entretemps. Voyant même des entreprises comme Dell proposait des primes pour ceux qui font les démarches administratives pour se déclarer « handicapé ».

Du coup, l’écosystème du business de la diversité a repris un vieux adage en place dans le monde l’entrepreneuriat numérique :

Si c’est gratuit, alors c’est toi le produit.

Tempérons un peu mes propos tout de même sinon on va croire que je suis qu’un frustré qui a perdu ses dernières pastilles pour la toux.

Je n’ai rien contre le fait que la diversité soit un business car après tout, il y a bien des business qui s’organisent autour des armes qui tuent le plus de gens en un seul coup. Aussi, le fait que la diversité soit présentée parfois comme plus rentable pour l’entreprise montre bien qu’il s’agit là d’un business avec une logique de ROI.

On est loin des idéaux de la boite de crayons de couleur ceci dit.

Par contre, je m’insurge contre le fait de croire que la diversité seraient faite pour le bien de tout le monde et surtout pour ceux qui souffrent de la discrimination. Alors que vous l’avez vu juste avant, elle a surtout été conçue pour que les entreprises s’achètent une consciente ou des excuses à défaut de s’offrir une conduite.

Egalement, je veux enlever une illusion tenace dont j’ignore l’origine. Celle de croire que ceux qui souffrent de discrimination aient demandé une aide quelconque sinon la loi. Pourquoi le ferait-ils alors que la diversité est un outil moderne de stigmatisation. Vous allez me dire que :

Bah .. ils ne sont pas en situation de se prendre en main pour X ou Y raison !

Les réponses sont assez condescendantes souvent. Je caricature surement. Néanmoins, Je vais vous faire une confidence, ils n’aspirent qu’à une chose : renverser leur situation et de manière radicale s’il le faut. Celui qui a vraiment réussi à théoriser cette approche est Saul Alinsky dans Rules for Radicals. Si je devais traduire sa pensée dans notre contexte cela donne :

Rien à foutre de ton tutorat, de ton parrainage, de tes ateliers … c’est ton boulot que je veux !

En attendant, nous retrouvons en entreprise une politique de recrutement adaptée du paradigme Hortefeux, ancien Ministre du Travail :

Quand il y en a un peu de – insérer ici un(e) discriminé(e) – ça va, c’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes !

ex :
Quand il y a un peu d’handicapé ça va, c’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes.
Quand il y a un peu de femmes ça va, c’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes.
Quand il y a un peu d’arabes ça va, c’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes.
etc …

 

Je sais comme violent et injuste peut être ce paradigme. Violent car il prend racine dans une réalité solide que je n’ai pas voulu développer ici. Injuste car il nous appartient d’être dans le déni de cette réalité aussi vraie soit elle. J’ai donc préféré rappeler ici des évidences aussi vivaces que vraies : la diversité est un business et elle stigmatise plus qu'elle n'émancipe.


Maintenant, beaucoup ont le sentiment de faire les choses autrement. Par expérience, je vous en avais déjà fait la démonstration, je sais qu’importe la noblesse des intentions, ce sont les réalités, cyniques, sûrement, qui font chuter bien du monde de leur piédestal.
La diversité, elle, elle restera une fleur posée sur une montagne de fange et de merde. Mais à quoi bon de tenter de gravir cette montagne, si c’est pour s’apercevoir que l’on a perdu son odorat.

_ Qu’en dites-vous ?